COVID-19
et le genre

Comment la pandémie pourrait changer la « feuille de route » de l’humanité

Le confinement a beaucoup affecté la problématique de genre partout dans le monde. Il a renforcé l’isolation des femmes avec des conjoints violents, et les a séparées des personnes et des ressources qui peuvent les aider. 

Avec la pression économique et sociale instaurées depuis le début de la Covid-19, cette pandémie de l’ombre ne doit pas être invisible. 

Il est primordial de tenir compte des vulnérabilités spécifiques des femmes et d’engager les femmes dans la réponse à la crise. Au Maroc, les femmes représentent 57% du personnel médical, 66% du personnel paramédical et 64% des fonctionnaires du secteur social. ONU Femmes rappelle que lorsque les systèmes de santé sont surchargés, la charge des soins à domicile est plus importante et incombe en grande partie aux femmes, qui ont consacré en moyenne six fois plus de temps au travail domestique que les hommes pendant la période de confinement.

Il est important ainsi d’inclure les femmes dans la prise de décision et la conception des programmes de soutien, pour promouvoir l’égalité des sexes dans les mesures budgétaires, d’amortissement et de relance. Un transfert d’argent rapide est aussi nécessaire pour les femmes travaillant dans le secteur informel.

 

Travail .

Outre le travail en danger, il semble que cette crise vienne amplifier l’effet sur l’emploi féminin d’une maigre année agricole. Avec environ 4/5 des femmes au Maroc qui sont en dehors du marché du travail (de la population active) et 60% des femmes actives occupées qui travaillent dans le secteur de l’agriculture, forêt et pêche, les 40% restant seraient probablement touchées de manière disproportionnée par des pertes d’emploi. 

Outre le travail en danger, la perte des emplois et les risques de tomber dans la pauvreté ou la vulnérabilité, une grande partie des femmes assument, de manière disproportionnée, les tâches domestiques, y compris les soins et le suivi de la scolarisation des enfants. Ces charges sont aujourd’hui plus importantes et incombent en grande partie aux femmes, qui consacrent en moyenne sept fois plus de temps au travail domestique que les hommes (HCP, enquête sur l’emploi du temps).

 

Education .

Sur le plan de l’éducation, le recours à l’enseignement à distance risque de creuser les inégalités déjà existantes en matière d’accès mais aussi de rétention en défaveur des filles et des jeunes femmes. Déjà, 2,4% des filles quittent l’école à l’âge de scolarisation dans l’enseignement primaire (6 à 11 ans), ce qui fait que le taux de transition entre les niveaux soit inférieur à celui des garçons, malgré les écarts des taux d’abandon aux niveaux secondaire, collégial et qualifiant. Une des principales causes de l’abandon scolaire précoce est l’achèvement scolaire. Or, aujourd’hui, ce dernier se trouve menacé par des barrières à l’accès au numérique, surtout en milieu rural et parmi les couches démunies de la population. Il se trouve, également, menacé par la faible qualité des enseignements, qui subirait des détériorations du fait que les enseignants ne sont pas bien armés en compétences et pratiques pédagogiques TIC, et que les médias utilisés ont tendance à élargir la distance transactionnelle, dont la réduction est nécessaire pour un enseignement effectif de qualité pour tous.

Réfugiées .

Le HCR, conscient des défis auxquels font face les réfugiés en général et les femmes réfugiées en particulier, et dans la limite de ses ressources a organisé des distributions d’aide financière au profit de tous les réfugies, ainsi qu’aux demandeurs d’asile les plus vulnérables. Les femmes demanderesses d’asile ont particulièrement été ciblées par ces aides financières. En effet, les femmes représentent 42-45% des demandeurs d’asile bénéficiaires, alors qu’elles ne représentent que 31% de l’ensemble des demandeurs d’asile. De surcroit, suite au déconfinement, le HCR a établi une stratégie de renforcement des activités génératrices de revenus (AGR) impactées par la crise Covid-19. Les AGR portées par les femmes ont systématiquement été priorisées dans le cadre des efforts de renforcement. Les nouvelles AGR proposées par les femmes ont également bénéficié d’une priorisation dans les procédures allant de l’évaluation, à l’approbation.

Violences conjugales et familiales .
  • ONU Femmes a fourni un appui aux centres d’écoutes de la plate-forme « Kolona Maak » de l’Union Nationale des Femmes du Maroc (UNFM) qui assure une permanence nationale 24h/24 et 7j/7 d’écoute, d’orientation et d’assistance pour les femmes et filles victimes de violence. Cet appui s’est traduit par la mobilisation de 2 experts qui ont formé les écoutantes/conseillères sur : (i) la compréhension de la violence basée sur le genre, en particulier dans le contexte de l’isolement et sur (ii) le renforcement de leurs capacités en techniques d’écoute en situation d’urgence.
  • Lancement du projet d’élaboration du protocole « « HIMAYA », qui encadre les normes et standards de la fourniture des services essentiels des centres d’hébergement des femmes victimes de violence et de l´aide sociale et propose une vision de coordination en matière de LCVEF
  • UNFPA a apporté son appui au réseau national des centres d’écoute Anaruz pour lui permettre d’assurer le suivi à distance la situation des femmes en quarantaine à travers un portail électronique et des groupes sur WhatsApp, par l’acquisition de matériel pour les abris du réseau Anaruz : lits, matériel de stérilisation et de prévention, vivres spéciaux pour les enfants hébergés avec leurs mères battues et bibliothèques et la distribution de kits de prévention du Coronavirus aux femmes et filles victimes de violences.
  • Le Ministère de la Solidarité, du Développement Social, de l’Egalité et de la Famille (MSDSEF), en partenariat avec UNFPA, a diffusé à la mi-avril une campagne digitale de sensibilisation et de prévention des violences à l’égard des femmes et des filles en réponse au contexte de crise et de confinement, lié à la COVID-19 dont le slogan était « Tous unis pour condamner la violence contre les femme », à travers des capsules audio visuelles d´un peu plus de 60 secondes, touchant ainsi plus de 10 millions de personnes (chiffres de mai 2020).
  • ONU Femmes a réalisé une cartographie de services institutionnels et de la société civile mise à disposition des femmes et des filles victimes de violences pendant la période de confinement. Cette cartographie nationale a largement été diffusée et régulièrement mise à jour.
  • En réponse à la crise de la COVID-19, ONU Femmes a lancé, une campagne de sensibilisation intitulée « Hit Ana Rajel ». Durant toute la période de confinement, une série de 10 capsules vidéo a été diffusée sur la chaîne nationale 2M et relayée sur les réseaux sociaux de l’ONU Femmes et de 2M. Cette campagne appelle les hommes marocains à s’engager davantage au sein de leur foyer durant cette période difficile en assumant leur part des tâches ménagères et en s’impliquant dans l’éducation et les soins des enfants.